Le Bailliage

Historique

L’édifice de style Renaissance et de conception flamande qui s’élève à l’angle de la Grand’Place et de la rue d’Arras a été construit, en 1600, pour servir de corps de garde à la milice de la ville. On l’appelle communément le Bailliage, parce qu’à diverses reprises, entre 1634 et 1789, il a servi de siège au tribunal du grand bailli d’Aire. Il s’agit d’une œuvre voulue par le Magistrat de la ville, à une époque où les habitants concouraient à la défense militaire de leur cité.

C’était alors le début de l’heureux temps des Archiducs qui vit la transformation d’Aire. La prospérité générale autorisait le Magistrat à mettre en œuvre un programme édilitaire important. Les échevins affirmaient ainsi leur pouvoir par l’achèvement de la Collégiale Saint-Pierre, l’achèvement de l’église Notre-Dame, aujourd’hui détruite, et par la construction de nouvelles boucheries. De nombreux artistes et artisans étaient alors présents à Aire et le corps de garde en a profité.

Le mayeur en exercice en 1597, Jacques de Caverel obtint des lettres de Bruxelles autorisant la ville à lever une imposition pour la construction d’un corps de garde sur le marché de la ville. Les travaux, commencés en 1600, furent menés activement sous le contrôle des échevins et, le 22 novembre 1600, on put procéder à l’inauguration du bâtiment qui ne fut toutefois terminé que plusieurs années plus tard.

L’édifice se présente comme un quadrilatère irrégulier de 125 m2 de superficie au sol, avec 3 façades donnant respectivement sur la Grand’place, la rue d’Arras et sur la rue du Bourg, ce qui était à l’époque la rue des Cuisiniers. L’architecte, Pierre Framery s’est inspiré d’un bâtiment faisant partie de l’ancien Hôtel de Ville d’Amsterdam, disparu en 1651, ceci explique la rapidité de la construction et de ce fait sa fragilité. De nombreuses restaurations ont été nécessaires au cours des siècles. Le Bailliage a été classé aux monuments historiques le 12 juin 1886.

Description extérieure

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Les façades du corps de garde sont richement ornées, même celle qui échappe au regard. Sur les façades de la Grand’Place et de la rue du Bourg, de fines colonnes de pierre supportent respectivement 4 et 3 arcades. Une bretèche, détail d’architecture flamand, fait de ce monument un petit frère italianisé des palais municipaux des Pays-Bas.

La frise médiane, au-dessus des arcades, ceinture le bâtiment. Elle est composée de 32 métopes carrées dont les motifs, finement sculptés, représentent les attributs de la Toison d’Or : des briquets posés sur des bâtons noueux en croix de Saint-André, les initiales de la devise de la maison de Bourgogne : AIFM, des patères et de nombreux trophées d’armes avec des hallebardes, des rondaches, des piques, des épées, des mousquets, des poires à poudre, des casques… Deux coquilles de Saint-Jacques marquent les extrémités de la frise.

Rue du Bourg, au centre des frontons des fenêtres du 1er étage, deux cartouches « ANNO » et « 1600 » indiquent la date de construction de l’édifice. Rue d’Arras, Bellonne, déesse de la guerre, entourée de nombreuses armes du XVIe siècle, apparaît casquée sur le tympan d’une des fenêtres. Côté Grand’Place, des personnages mythologiques, mi-hommes, mi-crocodiles, s’affrontent en combat singulier de chaque côté de la bretèche.

L’attique au sommet de l’édifice, est orné de statues sur lesquelles figurent les 3 vertus théologales (Foi, Espérance et Charité), les 4 vertus cardinales (Prudence, Justice, Force et Tempérance), les 4 éléments (Feu, Air, Eau et Terre) et 1 personnage, représentation de Pierre Framery, maître d’oeuvre de l’édifice. Enfin, la toiture est surmontée d’une girouette en forme de Sagittaire. En 1907, fut scellé, sous les arcades du Bailliage, un grès aux armes de la Tramerie, en provenance du Palais de la Salle.

Description intérieure

L’intérieur du Corps de garde est naturellement beaucoup plus sobre que l’extérieur. On trouve quatre niveaux :

• La cave. Il a fallu dès 1750 soutenir par un massif de maçonnerie la voûte qui menaçait de s’effondrer.

• La salle du rez-de-chaussée mesure 6 m sur 7, elle est pavée de briques. Une belle cheminée est surmontée des armes d’Artois. Un remarquable escalier de bois conduit à l’étage. La rampe est d’origine.

• La grande salle de l’étage fait 10 m sur 11, toutes les cloisons ont été abattues. Elle possède une belle cheminée dans laquelle on a placé des carreaux de faïence de fabrication airoise du XVIIIe siècle. A remarquer surtout la belle charpente du plafond.

• Les combles qui servaient jadis au logement des soldats.

Le Bailliage a connu des utilisations diverses (corps de garde, siège du tribunal, Hôtel de Ville provisoire avant la Révolution, Octroi, Justice de paix, Commissariat de police aux XIXe et XXe siècles).

Depuis 1970, il est le siège de l’Office de Tourisme d’Aire sur la Lys. La grande salle de l’étage est utilisée pour les expositions.